Ecole d’été doctorale Porto-Novo Bénin / 2018

ECOLE D’ETE DOCTORALE
Processus de patrimonialisation, usages et « muséification » du passé

Ecole du patrimoine africain, Porto-Novo, Bénin, 17-31 juillet 2018

mòsso est partenaire de cette école doctorale qui aura lieu à Porto Novo, avec les artistes Stephan Goldrajch, Myriam Rispens, Marie Zolamian, Antje Van Wichelen et Rokia Bamba.
Nous présenterons également l’exposition de restitution dokountin#4 au centre culturel Ouadada le vendredi 20 juillet en présence des artistes Hélène Amouzou et Ishola Akpo.

Les processus de patrimonialisation ou la revendication d’un héritage dans le cadre d’une (re)construction nationale, locale et /ou ethnique sont des phénomènes complexes. Dans les périodes de transition historique, les enjeux sont multiples et la fragilité du contexte politique est un riche terreau pour un renouveau des rapports à la représentation du passé. Pour comprendre ces processus, il faut mobiliser des savoirs en histoire, en anthropologie, en archéologie, en sciences politiques, en histoire de l’art, et en muséologie. Leur décryptage nécessite une collaboration interdisciplinaire, qui n’est pas toujours aisée à instaurer dans le cadre institutionnel existant dans le domaine de la recherche, construit autour de disciplines distinctes. Le but principal de cette école d’été est de créer un espace de formation des doctorants et d’échange interdisciplinaire entre des chercheurs travaillant sur les processus de patrimonialisation, les usages et la « muséification » du passé en lien avec la construction nationale (ou plus largement identitaire).

Nous organisons notre troisième université d’été à Porto-Novo, avec un groupe de doctorants et d’artistes sélectionnés suite à un appel à candidatures. L’école a une double finalité. Premièrement, une finalité scientifique : mener une réflexion sur les processus de patrimonialisation (notamment en contexte postcolonial, post-dictatorial et à l’issue des conflits politiques), sur les usages et la « muséification » du passé en lien avec la construction nationale. Deuxièmement, l’école a une finalité pédagogique : proposer aux doctorants d’effectuer un court stage de terrain ethnographique, leur permettant de pratiquer différentes méthodes de recherche en sciences sociales et politiques.

Format de l’école
L’école comporte plusieurs volets :

– des enseignements dispensés par des professeurs provenant des institutions partenaires, mais également par des professeurs invités. Les enseignements porteront tant sur la méthodologie de la recherche, que sur des sujets comme l’histoire des politiques urbaines/ des musées/ des recherches archéologiques au Bénin. Aux cours et ateliers « classiques » s’ajouteront des discussions informelles quotidiennes avec les étudiants tout au long de l’école, pour les aider à remanier leur projet, à élaborer les guides d’entretiens, à trouver des références bibliographiques ou des sources documentaires, etc.
un atelier pratique d’anthropologie visuelle

– des visites guidées de la ville, des musées et de sites patrimoniaux

– une enquête de terrain proprement dite : des « équipes » de trois étudiants réaliseront une recherche de terrain (entretiens, observation participante, recherche dans les archives nationales centrales ou locales/ privées, etc.)

– un atelier de pratiques curatoriales, en collaboration avec l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) et le Centre culturel Ouadada, dans lequel les doctorants apprendront à concevoir une exposition, du projet scientifique muséographique jusqu’à la mise en place des partenariats et des dispositifs de médiation.

– l’école thématique sera close par une présentation des résultats de cette recherche préliminaire, sous une forme choisie par les doctorants : présentation orale, poster scientifique, exposition photographique/ multimédia (extraits d’entretiens, matériel vidéo), projet de film documentaire ou happening dans un musée/ atelier d’artiste.

Contenu scientifique :
Les cours et les projets de recherche des doctorants se déploieront sur quatre axes principaux, à savoir : 1. les politiques urbaines et les politiques de la mémoire, 2. les constructions muséographiques, 3. les pratiques artistiques contemporaines, 4. les pratiques archéologiques.

1. Les enseignements mettront en discussion les représentations du passé dans le tissu urbain de Porto-Novo. L’intention est d’inviter les étudiants à mener une réflexion sur la manière dont l’espace urbain lui-même (re)présente différentes narrations historiques et construit la mémoire culturelle de la ville et de la « nation » : comment gère-t-on/ efface-t-on la mémoire du passé ? Quels sont les enjeux symboliques et politiques des projets d’aménagement urbain imaginés par les différents régimes politiques ? Comment reconstruit-on la ville (post)coloniale ? Comment des « sites » spécifiques (lieux, événements clés pour l’histoire du colonialisme, de l’esclavage mais aussi pour les royautés et les religions) deviennent des lieux de l’oubli, de l’amnésie politique ou sociétale ou, en reprenant la formule de Nora, des « lieux de mémoire » ?

2. Les doctorants seront invités à s’interroger sur les processus de réécriture, renégociation, réappropriation du passé colonial à partir des collections muséales. On vise à aider les étudiants à comprendre, explorer et développer des pratiques curatoriales liées à la mise en exposition des collections d’objets historiques, « ethnographiques » ou d’art. Les cours et les visites des musées problématiseront les pratiques de « savoir-pouvoir » inhérentes à la construction des archives, la production des sources ainsi que leur utilisation pour l’écriture de l’histoire.

3. Ensuite, on interrogera les pratiques artistiques qui se positionnent par rapport à ces métamorphoses de l’espace urbain, à l’amnésie politique ou sociétale. En rencontrant des artistes contemporains, en visitant des musées et des espaces artistiques, on examinera les enjeux esthétiques, politiques et épistémologiques de la rencontre entre l’art contemporain et les politiques urbaines et muséales.

4. Finalement, on interrogera la production des savoirs sur le passé à travers les pratiques archéologiques, leur mise en valeur et la particularité de leur histoire au Bénin.

Professeurs :
Les enseignements et les ateliers méthodologiques seront donnés par des spécialistes en anthropologie urbaine, politique et visuelle, en histoire de l’art et de l’archéologie, en sociologie politique, en géographie urbaine et en art. Liste (non-exhaustive) des professeurs: Leonce Raphaël AGBODJELOU, Porto-Novo; Nodicao BACHALOU, Abomey; Gérard BASSALE, Centre culturel Ouadada ; Gaëlle BEAUJEAN, Musée du quai Branly Jacques Chirac (TBC); Felicity BODENSTEIN, Technische Universität, Berlin ; Théodore DAKPOGAN, Porto-Novo ; Benoît De L’ESTOILE, ENS/CNRS ; Gabin DJIMASSE, Abomey; Stephan GOLDRAJCH, Bruxelles; Didier HOUENOUDE, Université Abomey-Calavi; Estelle LECAILLE, Mòsso, Bruxelles ; Thierry OSSOU, Porto-Novo ; Damiana OTOIU, Université de Bucarest ; Bénédicte SAVOY, Technische Universität, Berlin (TBC); Anna SEIDERER, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis ; Marie ZOLAMIAN, Liège.

Les doctorants auront la possibilité de rencontrer non seulement des chercheurs (anthropologues, archéologues, sociologues, historiens de l’art, etc.) mais également des artistes, des professionnels des musées, des architectes ou urbanistes. Ils pourront aussi bénéficier des ressources qui seront mises à leur disposition par l’Université d’Abomey Calavi, l’Ecole du Patrimoine Africain, les Archives nationales et les musées de Porto-Novo (Musée d’ethnographie Alexandre Senou Adandé et le Palais Honme).

Co-organisateurs :
Felicity BODENSTEIN, Technische Universität, Berlin,
Didier HOUENOUDE, Université Abomey-Calavi,
Damiana OTOIU, Université de Bucarest,
Anna SEIDERER, Université Paris 8, Vincennes – Saint-Denis.

Institutions partenaires :
Ecole du Patrimoine Africain, Porto-Novo
Université Abomey-Calavi, Cotonou
Centre culturel Ouadada, Porto-Novo
Technische Universität, Berlin, Kunstgeschichte der Moderne, projet Translocations
Université Paris Lumières, projet Glissements de terrains : Les collections muséales réinvesties par le champ de l’art contemporain
Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne, projet Les musées comme terrain : stratifications et relectures contemporaines des héritages coloniaux en France et en Allemagne
Ecole normale supérieure, Département de Sciences Sociales
Centre Maurice Halbwachs
Esthétique, Pratique et Histoire des Arts (EPHA), Université Paris8/ Vincennes, Saint-Denis
Humboldt-Universität zu Berlin, The Centre for Anthropological Research on Museums and Heritage (CARMAH)
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le centre HiCSA (Histoire culturelle et sociale de l’art)
Le Centre Régional Francophone de Recherches Avancées en Sciences Sociales (CEREFREA Villa Noël), Université de Bucarest, l’axe de recherche Processus de patrimonialisation, usages et mises en musée du passé
Mòsso, Plateforme indépendante pour l’art contemporain, Bruxelles

avec le soutien de Wallonie Bruxelles International et de la Fédération Wallonie Bruxelles

 

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