Patrick Wokmeni, l’Europe Fantôme au MuZee d’Ostende
04/07/15 – 03/01/16
Dans le cadre d’un prêt important de masques, sculptures et fétiches du Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervueren pour le projet l’Europe Fantôme, le MuZee a invité le photographe camerounais basé à Gand Patrick Wokmeni afin d’engager une réflexion autour de la notion du patrimoine colonial et post-colonial.
Au milieu d’un décor typique d’une maison bamiléké d’un marabout avec au sol un tissu rouge caractéristique, des personnes manipulent précautionneusement des objets à la valeur inestimable: masques, fétiches, sculptures passent de mains en mains, sont ajustés sur les têtes, présentés, montrés dans une scénographie presque chorégraphique. Le contraste entre la mise en scène de ces objets rituels dans un décor africain et la manipulation délicate voire scientifique avec les gants amène une réflexion sur ces objets décontextualisés autrefois objets de rituels sacrés, maintenant placés sur des piédestaux, des vitrines sécurisées et devenus intouchables dans une mise à distance du regard et du toucher. Le regard particulier du photographe ironique questionnent la place des objets ethnographiques dans les collections muséales européennes ainsi que le statut qui leur a été conféré par leur transposition d’un contexte originel sacré dans lequel ils étaient remplis de fonctions rituelles à un contexte muséographique de préservation et de conservation du patrimoine. Questionnement brûlant d’actualité puisque d’autres musées ethnographiques européens ont entamé des réflexions analogues quant à la nature et au sens même de leurs collections dans le souci de créer des musées post-ethnographiques. Ces remises en question actuelles font régulièrement appel à la subjectivité d’artistes contemporains issus de la diaspora africaine qui sont au cœur même de ces problématiques de migration et d’adaptation à de nouveaux contextes afin de leur permettre d’assembler et de mettre en lien objets ethnographiques et œuvres contemporaines